«Sans-Abri, Mal-Logés : les Oubliés de la République. Agissons !»

le jeudi 21 février 2019, porte jeune, à l'entrée de la rue du Sauvage, venez nombreux soutenir les #oubliés de la république.

 

 

 

 

«Sans-Abri, Mal-Logés : les Oubliés de la République. Agissons !»

Mobilisation du  21.2.2019

 

LES CONSTATS

Cet hiver, les associations du CAU (Collectif des Associations Unies national) constatent une aggravation préoccupante de la situation de nombreuses personnes sans-abri et mal-logées dans notre pays. De plus, le grand débat national risque fort de laisser de côté la question des solutions à apporter aux plus démunis et celle, pourtant centrale, du logement. « Nous craignons que les plus pauvres une fois de plus, ne soient pas entendus et qu’ils soient écartés des avancées qui pourraient en découler. » L.Mesnard, président Fondation abbé Pierre.

Tout cela prend place dans un contexte où, bien que les places d’hébergements d’urgence aient augmenté pour faire face aux besoins, les choix budgétaires du gouvernement montrent que l’accès de toutes et tous au logement digne n’est pas considérée à sa juste mesure : baisse de 5 euros des APL puis gel et désindexation de l’APL par rapport à l’inflation, coupes budgétaires dans l’hébergement, désengagement budgétaire à l’égard du logement social...

Les maraudes sociales intervenant auprès des personnes à la rue constatent que la majorité des personnes rencontrées, souvent les plus vulnérables, ne sollicitent plus le 115 par découragement face aux conditions d’accueil et d’accompagnement indignes ou au manque de places renonçant ainsi à leur droit à l’hébergement.

Plus d’ une année s’est écoulée depuis la déclaration d’Emmanuel Macron le 27 juillet 2017 à Orléans : « Je ne veux plus avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus ». Pourtant, les données chiffrées fournies par le 115 sont toujours alarmantes. 

En octobre dernier, l’État a annoncé un potentiel de 14 000 places d’hébergement hivernales mobilisables et un renforcement des maraudes. Cette mobilisation réelle et positive reste très insuffisante au regard des besoins. Elle ne permet pas de mettre en œuvre le droit à l’hébergement inconditionnel et à l’accompagnement pourtant garanti par la loi sur l’ensemble du territoire, comme le remarque la Fédération des Acteurs de la Solidarité.

S’agissant de l’hébergement d’urgence, le CAU estime que celui-ci fait les frais de la priorité donnée par le gouvernement au logement. Or la démarche du logement d’abord, mise en œuvre dans de nombreux territoires (dont Mulhouse) est salué par les associations qui en demandent la mise en oeuvre depuis de nombreuses années. Mais il est en partie financé par une « avalanche inquiétante de restrictions budgétaires sur l’hébergement », assure Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité et porte-parole du CAU. Les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS), qui accueillent et accompagnent des personnes en vue d’une réinsertion sociale, doivent ainsi faire face à un plan d’économie budgétaire.

 

Localement, malgré l’augmentation des places hivernales et le renforcement des maraudes, il y a une saturation des réponses et à Mulhouse la situation reste insupportable : ce tableau rassemble les personnes sans abri ou en abri hivernal ou hébergées en hôtel sur la ville de Mulhouse :

  • sans abri : 131 personnes
  • mise à l’abri hivernal (jusqu’au 31 mars) : 151 personnes
  • hébergées en urgence en hôtel : 178 personnes

Ces personnes sont indifféremment des personnes de droit commun et des migrants.

 

Sans orientation suite à appel 115

31

Abri de nuit Conservatoire (35) + Armée du Salut (6)

41

Hôtel via le 115

148

Hôtel financé Ville suite à sinistre

30

UH hivernal Accès (36) + Armée du Salut (44) + Appuis (30)

110

SURSO

80

Maraudes

21

TOTAL

461 personnes sans abri et/ou sans hébergement d’insertion

 

Ce travail de comptage est une « photographie » sous 24h réalisée  le 28 janvier 2019 par le SIAO  et la ville de Mulhouse, de sorte à éviter les doublons.

Ces chiffres ne reflètent même pas l'ampleur de la situation : ici aussi de nombreuses personnes ont depuis longtemps cessé d'appeler le 115 car aucune solution de mise à l'abri ne leur était proposée.  En effet, le taux de non réponse au 115 est de 60% dans le Haut Rhin : le pourcentage descend en hiver à 30%, grâce à la « gestion au thermomètre » qui correspond à l’augmentation de la mise à l’abri pendant les 4 mois les plus froids. Mais ce mode de traitement saisonnier est contraire au principe de continuité de l’hébergement et de l’accompagnement.  Il faut rappeler aussi qu’il y a des personnes à la rue et sans solution en été. Et la mise à l’abri et l’hébergement en hôtel restent des réponses trop précaires pour des personnes fragiles, elles mêmes précaires : en abri de nuit cette année, les associations ont constaté que les personnes présentaient plus de souffrances physiques et morales que les autres années, sont exténuées et présentent des carences alimentaires.

Derrière ces chiffres, il y a de nombreuses personnes qui sont en détresse et se battent pour leur survie (boire, manger, se protéger de la pluie, du froid et des agressions...). Et nous craignons que ces chiffres ne soient devenus banals.

Tout cela est indigne dans un pays qui est la 6ème puissance mondiale et qui remet en cause son modèle social : il ne sait plus considérer que prendre soin des plus fragiles est la condition d’une société forte et dynamique. Comme l’exprime la Fondation Abbé Pierre : « Nous, Fondation Abbé Pierre, nous refusons toute forme d’intolérance. Nous affirmons aussi que les pauvres sont des femmes et des hommes dignes et capables. Capables d’aimer, d’élever leurs enfants, capables de responsabilité, d’engagement, capables de solidarité et d’une solidarité qui sait partager l’essentiel, pas simplement le superflu, et qu’ils ont le droit au respect et à la considération quand certains se jugent seuls habilités à penser l’avenir du pays. »

 

CE QUE NOUS DEMANDONS

Dans ce contexte, le Collectif agit pour demander que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités face à l’aggravation de la situation en matière d’hébergement et de logement, et s’engagent véritablement à la combattre, et notamment par :  

  • une augmentation significative de constructions de logements vraiment sociaux,
  • un Projet de Loi de Finances 2020 recentré sur les enjeux sociaux
  • une stratégie pauvreté plus ambitieuse à l’égard des personnes en situation de grande pauvreté
  •  APL, hébergement, logement social : des actes et des moyens pour le logement de toutes et de tous !

L’Etat et les collectivités locales doivent assurer à toutes et tous un égal accès à des conditions dignes d’accueil d’urgence et de logement :

  •  dans le cadre de la politique du « logement d’abord »[1], une volonté politique et des moyens à la hauteur des enjeux, afin de créer (dans le logement social) ou de mobiliser (dans le secteur privé)  des logements réellement accessibles aux personnes ou ménages les plus précaires et de financer les modalités d’accompagnement de ces personnes dans le logement.
  • de maintenir ou créer des places pérennes et dignes d’hébergement d’urgence,  afin de permettre, quand cela est nécessaire, un accueil inconditionnel, une mise à l’abri, un refus des solutions précaires (squatt, hébergement chez un tiers, abri de fortune etc…) et un accompagnement rapide vers un logement.

Et c’est possible !! Lors de la présentation de son rapport mal logement annuel, la Fondation Abbé Pierre a sorti la calculette :  selon elle, en 2017, la politique du logement a rapporté plus à l’État qu’elle ne lui a coûté : 74,4 milliards d’euros de recettes (via les diverses taxes et les droits de mutation), un montant en hausse de 9,6 % par rapport à 2016, contre 41,9 milliards de dépenses. Un écart qui, souligne le rapport, ne cesse de se creuser depuis 2011, les dépenses n’ayant guère augmenté depuis cette année-là.

« Le contraire de la misère ce n'est pas la richesseLe contraire de la misèrec'est le partage ». disait l’Abbé Pierre.

 

[1] Une telle politique consiste à sortir de la gestion « en escalier » du sans-abrisme, qui consiste à faire transiter les personnes à la rue par une série d’hébergements d’urgence en attendant d’elles qu’elles fassent la preuve de leur capacité à habiter, en leur proposant directement un logement. 

 

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